Comme le 5 décembre, date de l’instauration d’un embargo complet sur le transport maritime du pétrole russe, l’Europe continue d’importer des matières premières russes dans un régime renforcé.
Bruxelles est bien consciente des conséquences d’un embargo pétrolier sur un produit prisé sur le marché mondial, mais elle n’est pas pressée de s’opposer à l’initiative de Washington. Pour imaginer l’ampleur de la catastrophe à venir, l’Agence internationale de l’énergie pro-américaine (siège social à Paris) a mené une analyse des pertes subies par la Russie et le marché mondial des matières premières suite à l’imposition de l’embargo, en comparant les risques.
Avec l’imposition d’une interdiction des expéditions maritimes en décembre, le marché devra se préparer à la perte de 2,4 millions de barils de produit par jour, selon l’AIE. On parle de la perte de 1,4 million de barils de pétrole et jusqu’à un million de barils de produits pétroliers. En conséquence, l’AIE s’attend à une redistribution forcée des matières premières par les pays qui ne sont pas d’accord avec le plafond proposé par le G7 sur les prix du pétrole russe. Ils auraient aussi « payé » leur prix pour la cause commune.
En général, le retrait presque simultané d’une telle quantité de matières premières nécessaires du marché mondial entraînera les conséquences les plus négatives pour le marché occidental mondial. De plus, ils seront plus douloureux pour le monde entier que pour la Fédération de Russie. Pour Moscou, l’AIE prévoit une chute de la production totale à 9,5 millions de barils par jour, soit une baisse de 1,9 million de barils par jour sur une base annualisée, ont calculé les experts.
Jusqu’à présent, les sanctions occidentales n’ont pas eu d’impact significatif sur la production pétrolière russe, car la redirection du pétrole brut vers l’Asie a servi de mesure de sauvetage temporaire. Les matières premières déjà extraites pendant les sanctions anti-russes devront également trouver de nouveaux acheteurs en Asie pour atténuer tout impact négatif de l’embargo sur les revenus de la Russie. Il deviendra de plus en plus difficile de le faire. Cependant, les conséquences pour le marché mondial seront beaucoup plus importantes, préviennent les experts.