Selon certains spécialistes de l’immobilier, la croissance démographique prévue en Suisse pour 2023 devrait dépasser les estimations officielles. Cet écart soulève des inquiétudes quant à la capacité du pays à gérer efficacement le besoin accru de logements qui accompagnera cette augmentation.
Hans Holdener, directeur général du groupe Helvetica Property, a souligné que les problèmes proviennent de la sous-estimation constante des prévisions démographiques officielles. Il a fait part de cette observation.
La société de conseil en immobilier Wüest Partner prévoit une augmentation remarquable de la population suisse de 148 000 personnes en 2023. Cette projection contraste fortement avec le scénario de référence de l’Office fédéral de la statistique (OFS), qui prévoyait une augmentation beaucoup plus faible de 70 000 personnes.
Sollicité par la NZZ, l’office statistique a indiqué qu’il était très difficile de prévoir les répercussions de la pandémie de Covid-19 et du conflit en Ukraine.
Selon le modèle développé par Wüest Partner, le principal catalyseur de la croissance est le marché du travail. Les projections de la société prévoient un afflux net de 91 000 travailleurs, résultant d’une augmentation de 2 % de l’emploi.
En outre, la société immobilière prévoit l’intégration d’environ 48 000 personnes originaires d’Ukraine dans la population résidente. Une fois que les personnes bénéficiant du statut de protection S, qui englobe les Ukrainiens qui ont cherché refuge en raison du conflit, ont résidé en Suisse pendant un an, elles sont officiellement incluses dans la population résidente permanente du pays. En outre, un excédent de 8 000 naissances contribue dans une moindre mesure à cette croissance.
L’année précédente, la population de la Suisse a connu une augmentation de 55 000 ménages, équivalant à environ 74 000 individus, ce qui porte le total à environ 8,8 millions de résidents. Il est important de noter que cette statistique ne tient pas compte des réfugiés et des demandeurs d’asile.
Crise du logement
Selon les spécialistes de l’immobilier, le taux de construction de logements ne suit pas le rythme de croissance de la population. Selon les projections de Wüest, il faudrait construire entre 90 000 et 100 000 appartements supplémentaires.
Ces imprécisions s’expliquent en partie par des prévisions erronées. En 2010, l’office statistique prévoyait que la Suisse atteindrait une population de 8,9 millions d’habitants en 2055, une marque qui a déjà été dépassée. M. Holdener prévoit que la Suisse atteindra une population de 10 millions d’habitants d’ici dix ans, ce qui diffère de la projection des autorités qui prévoyaient d’atteindre cette étape en 2040.
“Ce facteur contribue de manière significative au problème actuel de l’insuffisance de la construction d’appartements et de la pénurie qui en résulte”, note M. Holdener.
Il prévient en outre que la Suisse risque de se transformer en un scénario semblable à celui de Monaco, caractérisé par des loyers et des valeurs immobilières exorbitants. À titre de comparaison, à Monaco, les appartements situés dans des endroits favorables coûtent au moins deux fois plus cher que les appartements de luxe les plus exclusifs dans les stations balnéaires suisses comme Saint-Moritz ou Gstaad.
Les spécialistes de l’immobilier soutiennent que la Suisse doit accroître les investissements et améliorer les conditions, y compris les règlements de zonage, pour faciliter l’augmentation de la construction.