Le coût de la vie des étudiants en France atteint des niveaux sans précédent, avec des hausses annuelles significatives dans des domaines tels que le loyer, les services publics et la nourriture, révèlent des données récentes des syndicats étudiants.
Cette forte hausse du coût de la vie entraîne des “difficultés financières importantes” pour les étudiants dans toute la France, susceptible de décourager certains de poursuivre des études supérieures, a constaté Hania Hamidi, secrétaire générale du syndicat étudiant UNEF, lors d’un débat sur Sud Radio. Elle a souligné que quatre étudiants sur dix doivent désormais sauter au moins un repas par jour pour renflouer leurs finances.
Les dépenses quotidiennes ont connu les augmentations les plus fortes. Un rapport publié le 16 août par le syndicat étudiant FAGE souligne que les loyers ont bondi de 9%, pour atteindre une moyenne de 534€. D’autres produits essentiels comme le téléphone et Internet ont augmenté de 19%, les coûts de la nourriture ont bondi de 15% et les transports de 7%.
Selon les conclusions de la FAGE, l’inflation continue devrait faire augmenter les dépenses quotidiennes de 8,9% en moyenne au cours de l’année prochaine. Par conséquent, les nouveaux étudiants peuvent s’attendre à ce que leur premier mois de l’année universitaire coûte environ 3 024€, en tenant compte des dépenses initiales telles que l’assurance maladie, les frais d’inscription et les fournitures scolaires. Cette estimation suppose qu’un étudiant réside loin de son domicile familial pendant ses études.
Qualifiant cette augmentation d'”historique”, le porte-parole de la FAGE, Félix Sosso, a indiqué dans une interview à la radio RTL qu’elle représente une augmentation de 500€ par rapport à 2022. Les données de l’UNEF le confortent, évoquant une augmentation de 595€.
Ces dépenses en hausse forcent davantage d’étudiants à se tourner vers ce que Sosso appelle un “emploi forcé”, c’est-à-dire accepter des emplois au détriment de leurs études. Il a souligné l’impact de cette situation en déclarant:
“Lorsque les étudiants travaillent plus de 16 heures par semaine, ils ont deux fois plus de chances d’échouer leur baccalauréat.”
La question de l’inflation
Dans un contexte plus large, la France, comme beaucoup de ses voisins européens, est aux prises avec une inflation galopante depuis la fin de la pandémie de COVID et d’autres défis mondiaux qui ont perturbé les chaînes d’approvisionnement et gonflé les prix de l’énergie. En juin, les prix ont bondi de 4,5% sur un an, après un pic de hausse de 6,3% début 2023.
Le président français Emmanuel Macron, lors de sa campagne présidentielle de 2017, s’est engagé à construire 60 000 nouveaux logements étudiants d’ici 2022 pour contribuer à réduire les prix des loyers. Cependant, un audit réalisé en 2023 a révélé que moins de 40 000 logements avaient été construits ou rénovés. L’UNEF affirme que seuls 3 000 nouveaux logements étudiants publics ont été construits au cours des six dernières années.
Hamidi a exprimé ses profondes inquiétudes quant à l’état actuel du logement étudiant, appelant à une refonte complète de l’aide financière au logement public.
Le gouvernement, en réponse aux défis croissants, a déclaré en mars une allocation de 500€ millions pour la prochaine année universitaire. Il s’agit d’augmenter le montant des bourses et d’élargir les critères d’éligibilité pour contrer les effets néfastes de l’inflation, comme l’a évoqué Sylvie Retailleau, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, sur France Inter. Des projets de “réforme structurelle” des bourses sont également en cours, même si les détails spécifiques restent confidentiels.