Dr Peter Füglistaler, directeur de l'Office fédéral des transports (OFT)
Dr Peter Füglistaler, directeur de l’Office fédéral des transports (OFT)

Face aux préoccupations pressantes liées au changement climatique et à l’urbanisation croissante, la Suisse envisage un changement de paradigme dans le développement ferroviaire. Historiquement, les efforts se sont concentrés sur l’élimination des goulots d’étranglement et l’augmentation de la fréquence afin de maximiser les volumes de transport. Cependant, un tournant se profile à l’horizon.

L’objectif principal est désormais d’inciter davantage de voyageurs à opter pour le chemin de fer plutôt que de gonfler la demande de transport via un service augmenté.

Peter Füglistaler, directeur de l’Office fédéral des transports (OFT), discute de la manière dont le transport ferroviaire de voyageurs et de marchandises doit être développé en Suisse, y compris la nécessité d’étendre les infrastructures et le potentiel du couplage automatique numérique (DAC).

Vision ferroviaire voyageurs

Dans le cadre de l’initiative «RAIL Outlook 2050», l’amélioration ciblera principalement les itinéraires de courte et moyenne distance. Plus précisément, le plan comprend:

  • Expansion des liaisons de transport suburbaines, même celles s’étendant au-delà des frontières nationales.
  • Renforcement des services ferroviaires longue distance dans les gares de banlieue.
  • Introduction de nouvelles routes radiales et tangentielles dans les zones peuplées.

Alors que de nombreux passionnés du rail en Suisse regardent avec envie les trains à grande vitesse au-delà des frontières, il existe une conviction collective selon laquelle de tels modèles pourraient ne pas convenir à la Suisse. L’introduction de trains à grande vitesse pourrait par inadvertance renforcer le trafic et l’étalement urbain, ce qui entrerait en conflit avec les objectifs globaux de la Suisse en matière d’environnement et d’aménagement du territoire.

Les investissements stratégiques sont orientés vers des zones où le transport ferroviaire n’a pas encore atteint l’égalisation du transport routier en termes de vitesse. L’objectif principal est la réduction sélective du temps de trajet.

Chemin de fer suisse

La vision du fret ferroviaire

Depuis 1994, la Suisse s’engage résolument en faveur d’une politique de transfert modal dans le transport ferroviaire transalpin de marchandises. Grâce à un mandat constitutionnel, il y a eu une réduction réussie du mouvement des poids lourds à travers les Alpes suisses, le rail représentant environ 74% du transport de marchandises dans la région.

Toutefois, des décisions urgentes se profilent pour le transport terrestre de marchandises. Compte tenu de la petite taille de la Suisse et de ses objectifs climatiques, l’administration suisse a prévu l’expansion du transport ferroviaire intérieur de marchandises. Les complexités associées à ce domaine, en particulier le trafic de wagons complets, posent des défis importants. Actuellement, deux stratégies clés sont en discussion:

  • Un cadre de fret ferroviaire remanié soutenu par un soutien financier fédéral substantiel.
  • Introduction d’outils d’incitation compétitifs qui pourraient par inadvertance déplacer les services de fret vitaux du rail vers la route.
  • Il convient de noter que la première approche a recueilli davantage de faveur lors des consultations entre les différentes parties prenantes. La décision finale appartient au Parlement suisse.
Chemin de fer suisse

Couplage automatique numérique (DAC) – Un bond en avant

Quel que soit le verdict du Parlement, une affirmation est unanime: il existe une opportunité immédiate de révolutionner le transport ferroviaire de marchandises grâce à la numérisation. Partout en Europe et en Suisse, le CAD est salué comme un outil essentiel pour parvenir à cette transformation.

La particularité du DAC est sa capacité d’attelage automatique des véhicules et de synchronisation des freins pneumatiques. Cela supplante le processus de couplage manuel à forte intensité de main-d’œuvre traditionnellement entrepris. De plus, avec l’avènement de DAC, la préparation des trains est également numérisée, ce qui pourrait réduire considérablement la documentation et le contrôle manuels.

Compte tenu des opérations transfrontalières de nombreux trains de marchandises, la transition vers le DAC nécessite un effort synchronisé avec les pays voisins et l’UE. La Suisse est prête à être pionnière dans ce changement, en plaidant avec ferveur pour son adoption européenne d’ici 2030.

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By Geneve