A l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de 2024, Paris se lance dans une course contre la montre pour rendre son système de transports en commun accessible à tous. L’événement imminent a accéléré les efforts visant à répondre aux besoins des personnes handicapées, mais certains craignent que des améliorations temporaires ne signifient une occasion manquée de transformation durable.
Le défi actuel
Serge Mabilly, utilisateur de fauteuil roulant et vice-président de l’association handicap APF France, compare la navigation à Paris à une «course du combattant» pour personnes handicapées.
«Paris est comme un parcours du combattant pour les personnes à mobilité réduite», affirme Mabilly.
Un simple trajet de 15 minutes peut lui prendre deux fois plus de temps en raison des stations de métro inaccessibles et chargées d’escaliers. Ses sentiments reflètent une préoccupation plus large: les infrastructures de transport de la ville seront-elles prêtes et pleinement inclusives à temps pour les Jeux de 2024?
Depuis 2015, lorsque Paris a proposé sa candidature pour accueillir les Jeux, les organisateurs ont promis un événement inclusif qui bénéficierait aux 12 millions de citoyens français handicapés. Pourtant, le réseau de transports publics, notamment dans la très dynamique région Île-de-France, reste un défi de taille. La question qui se pose est de savoir si les mises à niveau permettront d’accueillir suffisamment les 350 000 utilisateurs handicapés attendus au cours de l’été 2024.
Mabilly exprime sa frustration face à l’état actuel des transports publics. “Le métro est le pire”, admet-il, citant de fréquents ascenseurs inutilisables et des stations inondées d’escaliers. Les bus ne constituent pas non plus une alternative viable, avec de longs temps d’attente, des rampes d’accès cassées et une surpopulation qui ajoutent à la difficulté de se déplacer dans la ville.
Préparation pour les Jeux olympiques
Île-de-France Mobilités, l’autorité organisatrice des transports, s’est engagée à intensifier les aménagements en amont des Jeux. Un montant colossal de €1,5 milliard est alloué pour améliorer l’accessibilité dans les 270 gares ferroviaires nationales desservant plus de 5 000 usagers quotidiens dans le Grand Paris. Les initiatives comprennent l’installation de plates-formes surélevées, l’amélioration des alertes sonores et l’amélioration des chemins de guidage et de l’assistance.
Grégoire de Lasteyrie, vice-président chargé de la région parisienne en Île-de-France, assure:
«Toutes les lignes de tramway, ainsi que les lignes de RER A et B, ont déjà été améliorées et d’ici 2024, toutes les lignes de bus de la région seront achevées.»
Cependant, la modernisation du réseau de métro centenaire présente un formidable défi. Seules quatre stations supplémentaires devraient être accessibles d’ici 2024, portant le total à 18.
Au total, seulement 5% du réseau de métro sera adapté aux personnes handicapées pendant les Jeux, ce qui incite le comité d’organisation à explorer des solutions alternatives. Il s’agit notamment:
- de l’expansion du système de transports publics à la demande pour les utilisateurs handicapés,
- du PAM,
- de l’augmentation du nombre de taxis accessibles aux fauteuils roulants.
Le gouvernement prévoit également de réserver des places de stationnement et de prise en charge les plus proches des sites olympiques pour l’accès aux personnes handicapées.
Doutes et espoirs
Mabilly, tout en appréciant ces initiatives, n’est pas sans réserves. Les interrogations sur l’accessibilité des gares de départ du système de navettes et sur la possibilité d’accompagner les familles font écho aux inquiétudes de beaucoup.
«Le plan actuel ne couvre que les places pour une personne handicapée et un accompagnant. Et si je voulais y aller avec ma famille? Nous sommes quatre. Comment devrions-nous procéder? Devons-nous nous séparer?»
Malgré ces incertitudes, l’objectif primordial reste un héritage d’une meilleure accessibilité après les Jeux. Nicolas Mérille, conseiller national accessibilité à l’APF France handicap, souligne la nécessité d’améliorations durables au-delà des «mesures de court terme».
«On entend beaucoup parler de l’héritage des Jeux, mais en termes de transports, il semble qu’il sera – malheureusement – assez limité», révèle Mérille.
Avec un rapport de l’ONU exhortant la France à aligner ses lois et politiques en matière de handicap sur les normes internationales, les Jeux de 2024 pourraient être un moment charnière pour le changement. Mérille garde espoir. Envisageant un avenir où le succès des Jeux se traduira par une amélioration de l’accessibilité à long terme pour tous, exprime-t-il:
«Il reste encore un an et toutes les parties semblent motivées».
Le temps presse et, à mesure que les préparatifs s’intensifient, le monde entier est aux aguets. Paris triomphera-t-il non seulement en accueillant un événement spectaculaire, mais aussi en établissant un héritage d’inclusivité et d’accessibilité qui résiste à l’épreuve du temps?