La Suisse, réputée pour sa précision dans tous les domaines, de l’horlogerie à la fourniture de services de qualité, est confrontée à un défi palpable : la pénurie de main-d’œuvre qualifiée.
Cette lacune dans la main-d’œuvre n’est pas un murmure discret dans les couloirs des entreprises, mais un écho retentissant qui a un impact sur les secteurs et les industries à travers le pays. Au milieu des discussions et des débats sur la manière de combler ce fossé, Severin Moser, président de l’Association patronale suisse (SAV), offre une perspective nuancée.
Le dilemme salarial
«Des salaires plus élevés ne combattent pas la pénurie de travailleurs qualifiés», affirme Moser.
Une déclaration qui résonne au milieu des paysages vierges de la Suisse, où l’équilibre complexe entre les salaires, les compétences et la disponibilité de la main d’œuvre devient un casse-tête complexe.
«Si la concurrence salariale s’intensifie, cela ne mènera pas à plus de personnes ni à plus d’opportunités d’emploi», a déclaré Moser lors d’une récente interaction avec la Neue Zürcher Zeitung.
Le marché du travail suisse, caractérisé par son dynamisme et sa qualité, n’est pas à l’abri des défis mondiaux. Une augmentation de la demande de compétences spécialisées, en particulier dans les secteurs de la technologie, de la santé et de l’ingénierie, amplifie le dilemme.
À l’échelle internationale, les pays s’efforcent d’améliorer leur avantage concurrentiel, non seulement grâce à l’adoption de technologies, mais aussi en attirant et en retenant une main-d’œuvre qui stimule l’innovation et l’efficacité.
Au-delà du chèque de paie
Moser attire l’attention sur un aspect crucial : la nécessité de transcender les paradigmes traditionnels d’attraction et de rétention des employés. Dans un monde où les compétences sont aussi diverses que les individus qui les possèdent, l’attrait magnétique d’une organisation s’étend au-delà de la valeur numérique d’un chèque de paie.
Selon Moser, les entreprises doivent se concentrer davantage sur la création d’un environnement et d’un écosystème synonymes de croissance, d’apprentissage et de bien-être.
«De meilleures conditions de travail et des avantages sociaux supplémentaires sont envisageables», suggère-t-il, faisant écho à un sentiment qui résonne de plus en plus à l’échelle mondiale.
En Suisse, cette philosophie prend une dimension supplémentaire. En mettant l’accent sur la qualité, l’efficacité et l’innovation, la culture d’entreprise du pays est intrinsèquement alignée sur le bien-être des employés. Pourtant, Moser souligne une orientation élargie, identifiant comme essentiels des services de garde d’enfants abordables et des modèles de travail adaptatifs pour la main-d’œuvre vieillissante.
L’équation de l’immigration
Dans un monde où les frontières sont aussi fluides que les marchés, le recours de la Suisse à l’expertise étrangère n’est pas une exception mais bien une norme.
«La Suisse dépend des travailleurs étrangers», affirme Moser, démystifiant les mythes et abordant de front les affirmations.
Il réfute les allégations d’une préférence en matière d’immigration fondée sur la frugalité économique.
«Nous ne faisons pas venir d’étrangers parce que nous ne voulons pas investir dans la population locale», précise Moser.
La réalité, souligne-t-il, est l’incapacité des travailleurs formés ou en formation au pays à répondre aux demandes du marché.
Cet apport international de compétences n’est pas une voie à sens unique, ni une voie sans restrictions. Les pays limitrophes de la Suisse sont eux-mêmes confrontés à des problèmes similaires.
«L’Allemagne, la France et l’Italie ne resteront pas les bras croisés pendant que nous leur volons des travailleurs avec des salaires plus élevés», souligne Moser, dressant une image vivante du paysage compétitif et coopératif qui définit l’Europe d’aujourd’hui.
Élargir la conversation
Alors que la Suisse emprunte cette voie complexe, équilibrant les échelles de disponibilité de main-d’œuvre qualifiée, de salaires compétitifs et d’immigration, le dialogue évolue. L’Union patronale suisse, les décideurs politiques et les dirigeants d’entreprises explorent collectivement des stratégies à multiples facettes.
De l’intégration de technologies avancées à l’augmentation des compétences humaines, en passant par la promotion d’un écosystème éducatif réactif et adaptable à la dynamique du marché, les solutions sont aussi diverses que les défis. Au sein de cet ensemble complexe, les initiatives visant à améliorer la flexibilité du lieu de travail, à promouvoir l’apprentissage tout au long de la vie et à institutionnaliser l’inclusion émergent comme des fils conducteurs.