Plus tôt cette année, la France a fait un pas important vers le bien-être animal en interdisant partiellement l’abattage des poussins mâles dans l’industrie des œufs, une pratique déjà interdite en Allemagne depuis 2022. L’utilisation innovante de la technologie du « sexage in ovo », soutenue par l’intelligence artificielle (IA), ouvre désormais la voie à une approche plus humaine de la production d’œufs.
Historiquement, les poussins mâles, rendus superflus par l’industrie de la ponte et distincts des races élevées pour la viande, étaient éliminés peu de temps après l’éclosion. Chaque année, cette pratique entraîne l’abattage d’environ 7 milliards de poussins mâles dans le monde. En France et en Allemagne, cependant, de nouvelles réglementations et avancées technologiques ouvrent la voie au changement.
La technologie de sexage In-Ovo à la rescousse
La société allemande Agri Advanced Technologies (AAT) a joué un rôle déterminant dans cette transformation, en utilisant la spectroscopie pour identifier le sexe d’un embryon dans l’œuf.
“En projetant de la lumière à travers la coquille de l’œuf, ses machines peuvent déterminer le sexe de l’embryon avec une précision de 97 pour cent en calculant le spectre lumineux”, explique Anke Förster de l’AAT.
Cette procédure non invasive garantit que la coquille de l’œuf reste intacte, éliminant ainsi les risques de contamination. Mais cette méthode est pour l’instant limitée aux poules rousses, qui représentent 85 pour cent de la production française.
L’IA et la robotique en action
Le processus d’AAT est hautement automatisé. Des robots déchargent des chariots d’œufs, qui sont ensuite éclairés par le bas, et l’IA interprète les données pour distinguer le sexe de chaque embryon au 13e jour d’incubation.
“Le spectre de l’image est analysé par ordinateur. La coque reste intacte, il n’y a aucun risque de contamination bactérienne”, précise Förster.
Les embryons femelles retournent dans l’incubateur, tandis que les œufs mâles et non fécondés sont transformés en nourriture pour animaux. La machine Cheggy d’AAT peut analyser jusqu’à 20 000 œufs par heure, démontrant l’efficacité de la technologie pour améliorer le bien-être animal.
Regarder vers l’avant
Deux couvoirs français sont pionniers dans l’application de la technologie IRM proposée par la société allemande Orbem, capable de sexer les poules blanches.
“Écraser des animaux est une aberration. Désormais, nous n’éclos que ce dont nous avons besoin”, affirme Bénédicte Lanckriet, responsable d’un couvoir en Picardie qui utilise cette technologie.
Bien qu’elle ne soit actuellement pas rentable en raison de son coût, Lanckriet estime qu’une adoption généralisée dans toute l’Europe pourrait réduire les dépenses et promouvoir davantage le bien-être animal. Pour les consommateurs, cette pratique avancée se traduirait par un simple coût supplémentaire de trois centimes pour six œufs.
L’intégration de la technologie dans l’industrie des œufs, notamment de l’IA et des techniques innovantes de sexage, marque un moment charnière pour le bien-être animal. Alors que les progrès continuent d’émerger, un avenir dans lequel l’abattage des poussins mâles serait entièrement éliminé semble non seulement plausible, mais imminent.