Grenoble est-elle le modèle secret de collaborations scientifiques réussies

Lorsque le président Emmanuel Macron a présenté sa vision du secteur électronique français, ce n’était pas Paris mais plutôt une usine près de la majestueuse Dent de Crolles à Grenoble qui servait de toile de fond. Ce choix était plus stratégique que pittoresque.

STMicroelectronics, un titan de la technologie, avait récemment annoncé son intention de construire une nouvelle usine de semi-conducteurs près de Grenoble. Cette annonce fait écho à un plan d’investissement de 5,7 milliards d’euros, soulignant le rôle central de Grenoble dans la renaissance technologique de la France.

Grenoble, bien qu’elle ne compte que 158 000 habitants, abrite 24% des emplois français dans le secteur de la microélectronique. De plus, en 2018, la ville a été choisie pour accueillir de nouveaux instituts de recherche en IA financés par le gouvernement. Notamment, Siquance, une spin-off basée à Grenoble, dirige les efforts nationaux visant à lancer le premier ordinateur quantique polyvalent à base de silicium au monde.

Héritage et vision: de l’hydroélectricité à la physique quantique

L’ADN de l’innovation de Grenoble remonte à des personnages historiques comme l’ingénieur Aristide Bergès, qui a exploité l’hydroélectricité des eaux alpines pour accélérer l’industrie. Après la Seconde Guerre mondiale, le physicien Louis Néel, lauréat du prix Nobel, a transformé Grenoble en un pôle de recherche européen. Sous sa direction, une multitude d’instituts de recherche ont vu le jour, comme le Commissariat français aux énergies alternatives et à l’énergie atomique (CEA), l’Institut Laue-Langevin (ILL) et l’Installation européenne de rayonnement synchrotron (ESRF).

Hughes Metras, directeur de l’IRT Nanoelec, souligne que l’esprit d’innovation de Grenoble n’est pas seulement historique mais aussi permanent. Il déclare:

«Il existe ici une culture de l’innovation qui remonte à plus d’un siècle».

Cela est évident avec les récentes initiatives de R&D de l’IRT Nanoelec dans le domaine des capteurs d’images basés sur l’IA pour la robotique, les voitures sans conducteur et les bâtiments intelligents.

L’écosystème des start-up: un terrain fertile pour les avancées

Les investissements à Grenoble ont connu un essor, avec des start-ups levant plus de 500 millions d’euros en 2021. Les talents locaux et internationaux sont à l’origine de ces révolutions technologiques. L’une des réussites récentes est Silent Waves, cofondée par le physicien et ingénieur Luca Planat. Une autre entreprise notable est TiHive, fondée par l’ingénieur libanais Hani Sherry, qui révolutionne les processus de contrôle qualité grâce aux ondes électromagnétiques térahertz.

Malgré la petite taille de la ville, l’accent mis sur la promotion de communautés scientifiques soudées en a fait un lieu privilégié pour les chercheurs en début de carrière. Rémi Defrance, physicien et ingénieur, souligne que les échanges professionnels sont incroyablement efficaces à Grenoble en raison de sa compacité. Julien Mairal, chercheur à l’Inria, fait écho à ce sentiment, soulignant l’attrait de Grenoble sur Paris même en raison de la qualité de vie de la ville, de son prix abordable et de son environnement de recherche dynamique.

Au-delà de la science: la vie et l’esprit de Grenoble

Le creuset des cultures et la proximité des splendeurs alpines ajoutent une dimension unique à Grenoble. De nombreux chercheurs et professionnels internationaux ont élu domicile à Grenoble, attirés par ses installations de recherche florissantes et sa connectivité internationale. Hani Sherry souligne les avantages d’une collaboration étroite:

«En R&D, vous devez échouer et répéter rapidement. C’est beaucoup plus facile ici car vous êtes à proximité de vos collaborateurs».

Cependant, les avantages géographiques de la ville s’accompagnent également de défis. Mathieu Courgeau et Rémi Defrance évoquent tous deux des extrêmes climatiques et des problèmes de pollution dus au contexte de la vallée. Pourtant, nombreux sont ceux qui pensent que la taille et l’environnement de Grenoble cultivent l’innovation. Comme le dit succinctement la physicienne Maud Vinet, les montagnes entourant Grenoble offrent non seulement une inspiration mais aussi une perspective.

Grenoble en chiffres

  • 158 000 – Population de la ville.
  • 40 000 – Emplois dans le secteur numérique dans la région.
  • 24% – Emplois en microélectronique en France situés à Grenoble.
  • 1er – Classement de l’Université Grenoble Alpes en nanosciences, ingénierie métallurgique, etc.
  • 670 – Start-ups lancées depuis 2000.
  • 23 000 – Recherche d’emplois à proximité.
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By Geneve