En raison du manque de précipitations hivernales et des températures douces, la météo du mois à venir sera cruciale avant l’arrivée du printemps. Le mois de mars devrait être une période décisive pour les niveaux de sécheresse en France, car le pays connaît actuellement l’un des hivers les plus secs jamais enregistrés.
Un système météorologique anticyclonique est en place sur le pays depuis le 21 janvier, ce qui a entraîné un cumul de précipitations record de moins de 1 mm à l’échelle nationale au 17 février, et une période de 26 jours sans pluie. Il s’agit de la période la plus sèche que le pays ait connue depuis 1989.
Dans de nombreuses régions, les températures ont été assez modérées, atteignant les niveaux habituellement observés en mars ou avril. Cette situation fait suite à l’année la plus chaude jamais enregistrée en 2022, ainsi qu’à la deuxième année la plus sèche.
Dernière chance avant le printemps
Selon les experts, les semaines qui précèdent le début du “vrai printemps” auront des ramifications importantes sur les niveaux d’eau dans le pays.
Selon Bruno Coupry, directeur du groupe de recherche sur l’eau EAUCEA, “les réserves d’eau sont comme un compte en banque. En général, on économise pendant l’hiver pour s’assurer un été plus facile à gérer.”
Cependant, le printemps et l’été devraient être plus difficiles, car les niveaux d’eau n’ont pas été reconstitués comme prévu pendant l’automne et l’hiver.
“L’année dernière, nous abordions l’été avec un compte bancaire presque plein, mais cette année, nous abordons la saison avec un compte presque vide. Nous n’avons pas chargé les batteries souterraines”, a déclaré M. Coupry.
Des rivières et des lacs bas
Le manque de précipitations se manifeste dans différents paramètres tels que le niveau des rivières et la production d’électricité. À titre d’exemple, la Garonne, qui traverse Toulouse, enregistre actuellement un débit de 52m3/s (mètres cubes par seconde), alors que la quantité typique pour cette période est d’environ 180m3/s.
“Les cours d’eau en France connaissent, pour la plupart, des débits particulièrement faibles”, a déclaré M. Coupry. “C’est du jamais vu et c’est très inquiétant”.
Selon Serge Zaka, chercheur en agriculture et climatologie, “l’indice d’humidité des sols de Perpignan ressemble à celui d’un climat semi-aride. En plein hiver, l’indice de février est comparable à celui d’août…. Un nouveau record !” Il poursuit en disant que “la végétation au sol peine et périt”.
Les lacs et autres bassins d’eau souffrent également.
Le mois de mars est généralement une période critique pour les réserves d’eau, car c’est le moment où la végétation et les plantes commencent à reprendre vie après les mois d’hiver. Selon M. Coupry, cela a un impact important sur l’environnement car “les feuilles des arbres qui viennent de pousser peuvent retenir une quantité importante de précipitations, les empêchant ainsi de recharger la nappe phréatique.” Il ajoute que “l’apparition des premières feuilles indique la conclusion de la possibilité de réalimenter nos réserves d’eau.”
Problèmes de plantes
Cependant, l’approvisionnement insuffisant en eau pourrait entraîner un cercle vicieux qui entrave la croissance des arbres et des plantes. Alain Coquart, arboriculteur dans la région du Rhône, a déclaré dans une interview accordée :
“Le problème est que nous sortons d’une année de sécheresse, et maintenant les réservoirs sont épuisés en raison du manque de précipitations. Nous nous lançons dans une nouvelle saison sans eau”.
Lionel Lavail, viticulteur dans les Pyrénées-Orientales, s’est inquiété du manque d’eau, en déclarant:
“Les bourgeons sont sur le point de germer, et la vigne va prendre vie, mais elle a besoin de force à ce moment-là. Malheureusement, elle ne recevra pas les précipitations nécessaires pour l’instant.”
L’aridité du sol a déjà entraîné l’apparition de feux de forêt dans certaines régions, comme dans les Pyrénées-Orientales, où 60 hectares de terrain ont brûlé début février. En outre, la sécheresse a contraint certaines préfectures, dont celle des Bouches-du-Rhône, à mettre en place des restrictions d’usage de l’eau et des alertes à la sécheresse.
Le changement climatique est également un facteur.
Avec l’arrivée précoce du printemps, le délai de reconstitution des réserves d’eau est beaucoup plus court. Néanmoins, selon M. Coupry, si le pays reçoit des précipitations importantes le mois prochain, cela pourrait donner l’élan nécessaire à la reconstitution des réserves avant l’arrivée de la saison printanière.