La Suisse affiche l’un des taux de jeunes sans travail, études ou formation (NEET) les plus bas d’Europe. Cependant, les experts recommandent un examen plus approfondi, car ces jeunes ont souvent du mal à obtenir un soutien approprié et une acceptation sociétale.
Le paysage des NEET
Les NEET, un terme qui a gagné du terrain lors de la crise économique de la fin des années 2000, représentent les jeunes déconnectés du marché du travail et des opportunités éducatives. En Suisse, ce groupe constitue 6,3% de la population âgée de 15 à 29 ans. Ce faible pourcentage est attribué au solide système éducatif public du pays et à ses apprentissages à double voie, mêlant formation et école professionnelle.
Le pourcentage de NEET en Suisse est en baisse, passant de 8,1% en 2010 à son taux actuel. Thierry Murier de l’OFS partage:
“La baisse des NEET est plus visible chez les femmes, dont le taux NEET passe de 9,6 % à 5,9 % [pendant cette période], alors qu’il reste stable chez les hommes (2010 : 6,7 % ; 2020 : 6,6 %)”.
Facteurs sous-jacents
Les facteurs de risque d’appartenance à la catégorie NEET incluent le fait d’être une
- jeune femme,
- d’avoir un niveau d’éducation inférieur
- et d’être issue de l’immigration.
Selon l’OCDE, il existe une différence de 5 points de pourcentage dans le taux de NEET entre les jeunes adultes nés à l’étranger et ceux nés dans le pays. Les problèmes de santé et familiaux jouent également un rôle important.
Claudia Meier Magistretti, professeur à la Haute école spécialisée de Lucerne, observe qu’il n’existe pas de NEET “typique”:
“Leur fil conducteur réside dans leur lutte pour l’acceptation et le soutien”.
Nation riche, la Suisse compte de nombreux NEET résidant chez eux, soutenus financièrement par leurs parents.
“Nous avons probablement un nombre élevé de cas non enregistrés parce que ces personnes n’apparaissent pas dans les statistiques publiques”, révèle Meier Magistretti.
Cela masque les défis et les vulnérabilités sous-jacentes des jeunes concernés, mettant en lumière une disparité qui n’est pas reflétée dans les statistiques officielles.
Le soutien aux NEET suisses existe mais il est incohérent et souvent inefficace
Meier Magistretti souligne un décalage entre les offres économiques et les besoins divers et individualisés de la population NEET. Une approche holistique, centrée sur la situation globale des jeunes adultes, plutôt que sur la simple intégration sur le marché du travail, pourrait améliorer l’efficacité des systèmes de soutien.
L’impact de la pandémie, qui devrait exacerber le taux de NEET, souligne la nécessité d’une approche multidimensionnelle et empathique pour répondre aux besoins et aux défis de ce groupe démographique.
Meier Magistretti s’attend à une augmentation du nombre de NEET en raison du stress psychologique induit par le COVID-19, en particulier parmi les jeunes vulnérables. Les statistiques officielles suisses, qui ne reflètent pas encore cette évolution, sont attendues pour le second semestre 2022.
Même si le taux de NEET en Suisse reste faible, surtout si on le compare à ses homologues européens comme l’Italie, des complexités sous-jacentes subsistent. L’intersection du genre, du niveau d’éducation, de l’origine immigrée et du soutien sociétal construit un récit nuancé.