Le Département fédéral des finances (DFF) en Suisse s’engage contre le greenwashing. Ils en sont aux premiers stades de l’élaboration d’une ordonnance visant à superviser le marché des produits et services durables. Cette étape vise à améliorer la transparence et à contrecarrer les allégations trompeuses sur le respect de l’environnement.
Le fondement de cette ordonnance provient des orientations fixées par le Conseil fédéral. Dans un article publié en décembre dernier, il souligne qu’un produit n’est durable que s’il s’aligne ou contribue à des objectifs de durabilité spécifiques. Il ne suffit pas de minimiser les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ou d’optimiser les performances pour obtenir un label de durabilité. Le document souligne également que les efforts de développement durable impliquent généralement une combinaison d’investissement d’impact et de propriété active.
Dans un souci de transparence, le gouvernement attend des investisseurs qu’ils soient francs sur leurs objectifs d’investissement, leurs processus, leurs indicateurs de performance clés et d’autres détails connexes. Ils ont également souligné l’utilité du système Swiss Climate Scores, qui aide les investisseurs institutionnels à évaluer dans quelle mesure leurs investissements s’alignent sur les objectifs climatiques internationaux. En outre, ils suggèrent de faire appel à un tiers impartial pour garantir le respect de ces principes.
Le DFF entend présenter un projet d’ordonnance au Conseil fédéral d’ici fin août 2024, à moins que le secteur financier ne mette en place son propre cadre d’autorégulation qui reflète la position du Conseil fédéral.
La préférence de l’industrie: l’autoréglementation
L’année dernière, l’association suisse de gestion de fortune AMAS a introduit un système d’autorégulation pour la finance durable dans les placements collectifs. Ils ont souligné qu’un fonds ne peut pas être qualifié de durable sur la seule base de l’exclusion ou de l’intégration ESG. Ils ont en outre souligné la nécessité pour les gestionnaires d’actifs de renforcer la transparence, notamment lors de la présentation des informations aux investisseurs.
L’Association suisse des banquiers (ASB) a également proposé une autoréglementation, obligeant ses membres à prendre en compte les préférences ESG de leurs clients. L’AMAS et l’Association Suisse d’Assurances (SIA/SVV) ont exprimé leur conviction que l’autorégulation constitue une solution plus efficace et plus adaptable contre le greenwashing qu’une réglementation fondée sur des règles, comme celle envisagée par le DFF. Ils restent déterminés à renforcer l’autoréglementation au cours de l’année à venir, indépendamment de tout changement réglementaire.
Le Conseil fédéral a toutefois précisé que si l’autorégulation peut compléter l’ordonnance proposée, le Département des finances pourrait s’abstenir de toute réglementation supplémentaire si le secteur financier présente un cadre d’autorégulation efficace.
Tillmann Lang d’Inyova Impact Investing a estimé que l’approche du gouvernement suisse favorise l’investissement à impact conformément aux normes ESG. Par conséquent, selon l’étude de marché 2023 de Swiss Sustainable Finance (SSF), jusqu’à 79% des investissements durables, soit environ €1 640 milliards (initialement 1 610 milliards de francs suisses), pourraient être retirés de leur label de durabilité si le projet de loi proposé est approuvé.
Selon la même étude, seuls €337 milliards environ (à l’origine 331 milliards de francs suisses) d’investissements liés au développement durable correspondent aux critères d’impact. Il a également souligné une augmentation annuelle énorme de 80% des investissements à impact en 2022, pour un total d’environ €185 milliards (initialement 182 milliards de CHF).